Jean-René Moeschler

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NOTES BIOGRAPHIQUES


Né à Tavannes en 1951. Maturité scientifique à Bienne, université de Berne.


Peintre indépendant, depuis 1990, plusieurs stages de formations et séjours à l'étranger.


De 1989 à 2010, membre de la section jurassienne de la SPSAS / Visarte.


Atelier à Moutier, de 1990 à 2012, puis à Malleray. Séjours de travail à Paris et New York.
De mars 1997 à février 2002, lecteur pour l'éducation artistique à l'université de Berne (BES). Membre de la commission cantonale bernoise d'art et d'architecture, de 1998 à 2006. Président de la section culture du Conseil du Jura bernois, 2006 à 2014.
Membre de l'Institut jurassien des Sciences, des Lettres et des Arts, qu'il préside depuis 2017.
Pratiques artistiques: peinture, lithographie et taille-douce.
Travail dans l'espace publique: fresques, installations murales, travail sur verre, etc.



Expositions personnelles: depuis 1997
1997 abbatiale de Bellelay
1999 galerie Numaga, Auvernier Espace Noir, St-Imier
2001 galerie Imoberdorf, Morat
2002 galerie Numaga, Colombier
2003 galerie Selz, Perrefitte, galerie du Soleil, Saignelégier
2005 Fundaciò Niebla, Casavells, Catalogne
2006 galerie Numaga,Colombier
2007 galerie Selz Perrefitte
2008 galerie Numaga, Colombier
2009 galerie Courant d'Art, Chevenez
2012 galerie Numaga, Colombier
2015 galerie Numaga, Colombier
2016 galerie Selz Perrefitte
2018 Impasse du Phoenix, Lausanne
         galerie J.-J. Hofstetter, Fribourg
2019 galerie Numaga, Colombier
2020 Musée jurasien des Arts, Moutier / Galerie du Passage, Moutier



Expositions collectives: depuis 1998
1998 Co-incidences" à Nantes, Rennes, Hennebont, et Quimperlé: couvent des Ursulines.
1999 Forum d'Art Contemporain, Les Halles, Sierre
2000 in "L'art c'est l'Art", MEN, Neuchâtel
2001 galerie Numaga, Colombier.
2002 Musée d'Art et d'Histoire, Neuchâtel, "big is beautiful", Galerie 2016, Hauterive, "Entrelacs"
2004 Musée d'Art et d'Histoire, Neuchâtel, coll. Jeunet
Musée du Locle, Gravures de l'atelier de gravures AJAC, Moutier Triennale de la gravure, Granges: 1985, 1988, 1991, 2004
Biennales SPSAS-Jura: 1989, 1991, 1993, 1995, 1999, 2006
2019 Impasse du Phoenix, Lausanne, avec Christiane Jaques et Lucien Martini



Décorations publiques:
piscine de Bévilard; centre scolaire de Péry; halle de gymnastique, Le Fuet; salle communale de Tavannes; école d'ingénieurs, St-Imier; centre de transfusion sanguine, La Chaux-de-Fonds; home, St-Imier; école, Sonvilier; Bureaux de la SUVA, Delémont: cour et hall d'entrée; salle de la paroisse réformée, Tavannes.



Oeuvres dans les collections publiques:
Canton de Berne, Canton du Jura Villes de Bienne, Moutier, St-Imier, Malleray, Bévilard.?
Musée d'Art et d'Histoire, Neuchâtel Musée jurassien des Beaux-Arts, Moutier, Coll. estampes EPFZ, Zurich, Banque cantonale du Jura et de Berne, Département des travaux publics du canton de Berne; Hôpital de l'Île, Berne, Office cantonal de l'archéologie, Bümpliz; Crédit suisse, Villars-sur-Glâne, CIP, Tramelan



Éditions:
PAP, Lausanne, in "L'horizon n'a qu'un côté" de Darbellay: 4 aquatintes, 1993
Édition SEB, Berne , 1 aquatinte, 1993 / Édition Biz'Art, Sion, 1 aquatinte, 1994
Éditions Franz Mäder, Bâle, 10 gravures: lithographie, taille-douce, collage.
1995 «Jean-René Moeschler», monographie, in "L'Art en oeuvre", éd. de la SJE, Porrentruy, texte de B. Richard. «Jean-René Moeschler, œuvres récentes», Ed. Adam Biro, Paris, 2008, Bourse du canton de Berne pour la publication d'une monographie, textes de Jean-Baptiste Para, Pierre Vilar, Nicolas Raboud et Daniel de Roulet
« Moeschler, peinture », blurb, 2016, édition numérique.



Bourses, prix:
Fondation Nicole et Joseph Lachat 1989,
bourses de travail canton de Berne1993
Prix de la fondation Léchot-Légobbé pour son engagement en faveur du Jura.


 


Le peinte jurassien Jean-René Moeschler habite et travaille à Malleray, commune de Valbirse, canton de Berne.


Depuis de longues années le peintre n'a de cesse de peindre tous sujets, thèmes ou motifs, avec une seule préoccupation: le rapport de la surface et de ses bords, la qualité de ses contours, leur continuité, leurs mouvements et leurs rythmes.


Après avoir superposé, juxtaposé ou fragmenté des surfaces transparentes ou opaques, structurées ou lisses, le peintre s'est éloigné petit à petit de ces jeux de constructions illusoires, pour marquer de plus en plus son intérêt pour le tracé bordant les espaces, laissant les vides ainsi cernés à l'émotion du spectateur et à sa perspicacité à imaginer des atmosphères.


Mais le coloriste n'a pas délaissé son propos essentiel, le discours d'un peintre. Forme et couleurs, formes et fonds, formes et contenus. Toutes et tous au service de l'expression. Avec comme partenaire l'oeil du spectateur, sa sensibilité, sa capacité d'émotion et sa curiosité à se laisse guider dans les méandres des thèmes de nature et d'espace construits. La luxuriance des végétaux, leur diversité, la vraisemblance de leur structure morphologique réaliste, se mêle à des signes ténus marquant la présence du génie architectural humain: faîte de bâtiment, silhouette d'édifice identifiant le paysage d'une culture.


Les grandes compositions récentes se concentrent sur les lignes cernées par les espaces adjacents. La vibration des couleurs exacerbe la tension entre les rythmes et les mouvements des tracés issus de la réalité vécue et synthétisée par le peintre. Ces dessins furtifs mais construits, spontanés mais décidés à montrer une structure réaliste prouvant la présence de la nature, des espaces habités et des atmosphères y régnant, créent un réel vraisemblable et authentique.


Habité par les souvenirs d'expériences visuelles intenses et obsédantes, Moeschler, les convoque pour faire passer ses sensations de l'esprit à la toile, sa main comme guide transmetteur subtile et délicat des tensions entre les formes, les objets et leurs structures.


Les orées, les massifs et les allées de certains parcs publics, de villes significatives, pourraient en constituer les indices de ressemblance.


... «En peinture, bien des choses se produisent entre les surfaces et les linéaments; que ces rencontres soient complices ou dissonantes. Sans parler du rôle de la couleur. Ajouter une teinte complémentaire à tel endroit ou tel autre pour le mettre en vibration participe de la délectation du peintre. Le doigté, la tonalité, le dosage lui permettent d'ajuster l'espaces, de l'amincir ou de l'élargir. Cette manière de sauter d'un détail à une étendue, de revenir au plus resserré, d'en repartir pour ébranler le tout, sourit à Jean-René Moeschler.
Les équilibres d'une composition sont maintenus en tension. De façon à inciter le regard à bouger, sans pour autant l'agacer. Le cheminement reste un délassement. Tout s'y renouvelle. Le construit, le naturel, l'abstrait se mélangent. Des plans se superposent, des entrelacs se tissent. Au spectateur d'y trouver son fil rouge.»... Philippe Mathonnet


 


Ses oeuvres sont visibles dans les collections et les espaces publics.


• Diverses éditions en lithographie, taille-douce, héliographie tirées à l'atelier de gravure de Moutier


• Contributions:


oeuvres originales in édition de tête "Revue Nunc", nº 25, éd. Corlevour


illustrations in ACEL: Œuvre de Charles-Albert Cingria


• 2 monographies documentent son travail:


«Moeschler», in "L'Art en oeuvre", Éd. de l'Émulation jurassienne, Porrentruy, 1997, texte de Bernadette Richard.


«Jean-René Moeschler, oeuvres récentes», Éd. Adam Biro, Paris, 2008, (initié par une bourse pour monographie du canton de Berne), avec des textes critiques de Jean-Baptiste Para, Pierre Vilar, Nicolas Raboud et Daniel de Roulet.


 


L'Impasse du Phoenix, à Lausanne, du 2 au 18 février 2018, "entre lice et ciel"


La galerie Numaga, à Colombier, expose régulièrement ses oeuvres depuis 1990, la
dernière en 2019.


Galerie Courant d'Art, Chevenez, 2009


Fundaciò Niebla, Casavells, Catalogne, 2005


Galerie Selz, Perrefitte, 2003 et 2007


Galerie Imoberdorf, Morat en 2001


Galerie du Soleil, Saignelégier, 1989, 1996, 2003


 «Ce qu'il y a peut-être de plus émouvant dans l'aventure picturale de Jean-René Moeschler, c'est qu'en chacune de ses phases elle se donne comme une genèse. Ce qu'elle offre au regard est d'abord le surgissement d'une liberté sans assurance ni garantie. Liberté de la peinture, dans une odyssée marquée par des avancées tenaces, des essors admirables, mais aussi par des heurts, des tensions parfois si vives qu'elles laissent l'esprit du peintre pantelant. « Les meilleurs moments sont ceux où la peinture se fait en dehors de moi », note Moeschler dans ses Carnets. Rien n'est jamais acquis, il faut d'abord avoir fait, défait, recommencé, il faut avoir traversé la nuit du doute et de l'échec pour qu'arrive le moment où le tableau vient au jour presque tout seul. Rien n'est jamais acquis et c'est comme si la peinture dévoratrice obligeait périodiquement l'artiste à se refaire une main.»


Jean-Baptiste Para (extrait)


REVUE DE PRESSE 


Les paysages transparents de Jean-René Moeschler ( Le Quotiden jurassien, 22.10.2016)



Aux Confins Du Visible La Galerie SELZ art contemporain, à Perrefitte, clôt son cycle Transjurane, consacré aux artistes de l'ensemble du Jura, par une exposition d'oeuvres récentes de Jean-René Moeschler. Ses paysages silhouettés et poétiques aiguisent l'imagination du spectateur, invité à voyager dans la transparence

Né en 1951 à Tavannes, Jean-René Moeschler a enseigné l'éducation artistique et les sciences au niveau secondaire, avant que son «appetit de création» ne prenne le pas sur l'enseignement. Il deviendra peintre indépendant en 1990. On lui doit une douzaine d'expositions personnelles depuis 1997, dans le Jura (abbatiale de Bellelay, galerie Selz, Courant d'Art à Chevenez, Espace Noir à Saint-Imier, galerie du Soleil à Saignelégier), ainsi qu'à la galerie Numaga, à Auvernier puis à Colombier, dont il est un hôte régulier. Il a participé à de nombreuses expositions publiques dans la région. Il vit et travaille à Malleray.

Dits et non-dits

S'il a peint des nus à ses débuts, Jean-René Moeschler a partiellement quitté la représentation de la réalité dès 1990 pour une abstraction bouillonnante et lyrique laissant toutefois deviner les traces d'éléments bien réels. Son oeuvre balancera dès lors entre abstraction et figuration stylisée, entre dits et non-dits, pour «faire sortir de l'ombre un instant du visible», écrivait en 2008 le critique et poète français Jean-Baptiste Parra.
Ainsi du chaos chromatique des années 1990 naîtront de vagues formes évoquant un meuble, un plan d'eau, une bâtisse, un coin de paysage. Puis la surface s'organisera en plans monochromes traversés d'arabesques, figures cellulaires ou vermiculaires qui prendront peu à peu un aspect végétal. Voici les empreintes négatives ou positives de fleurs et feuillages, inscrits un temps dans une sorte de quadrillage, et bientôt asssociées à des éléments architecturaux, annoncés par une succession de cubes
et d'arches.
Ces différentes manières de percevoir le monde, ces changements de points de vue et de styles auraient pu générer une oeuvre disparate si Moeschler avait fait table rase des acquis à chaque renouvellement de son approche de la réalité - car c'est toujours d'elle qu'il s'agit. Au contraire, il avance comme par cycles excentriques, chaque nouvelle «étape» semblant puiser dans la précédente les éléments qui, réinterprétés, recontextualisés, feront sa nouveauté. C'est pourquoi, malgré ses changements, ses continuelles innovations, sa peinture protéiforme apparaît homogène: constant renouvellement du style, de la représentation des deux thèmes de prédilection que sont la nature et l'architecture, mais unité de la pensée.

Vocabulaire pictural

En fait, ces lacis, velutes, cercles, arches, feuillages, qui apparaissent de manière récurrente dans l'oeuvre, tiennent moins du thème que du vocabulaire pictural. Le véritable sujet de Moeschler, c'est la peinture, ou du moins, comme il écrit quelque part dans son journal, la manière de regarder, donc d'interpréter un objet. Le rendre crédible importe moins que l'exprimer à travers ses émotions et ses inventions d'écriture. Entre le sujet et l'artiste, il y a toujours une question de peintre, qui fait que son oeuvre, libre et construite, repose autant sur l'émotion que sur l'intellect.

La peinture se fait dessin

Les 25 huiles sur toile exposées à la galerie Selz ont été peintes entre 2014 et cette année. Les petits formats, d'environ 25 centimètres de côté, apparaissent comme des esquisses, de vigoureuses expérimentations, alors que les grandes toiles, dépassant parfois deux mètres, impressionnent par la simplicité et la force du langage. Ce sont des paysages à la fois nets et en fouillis qui s'offrent à nos yeux, des ossatures de paysages, plutôt, où la végétation et les bâtiments qu'on devine à travers elle sont silhouettés en différents tons sur un fond monochrome, parfois nuancés. Que du trait, précis ou débridé, mais toujours lisible ou suggestif; la peinture fait dessin. Mais la couleur des fonds, ce jaune solaire, ce mauve assourdi, ce bleu infini ou ce vert croquant, confèrent à l'oeuvre son atmosphère et son sens, son mystère ou son rayonnement. L'air circule à travers les formes vides, le regard se perd dans les transparences d'une végétation foisonnante qui dévoile ça et là un toit, une façade, une voûte. Une exubérance élégante et maîtrisée, avec ce petit côté Matisse qui, lui, n'est vraiment nouveau dans l'oeuvre de Moeschler.
L'ensemble constitue une synthèse des différentes explorations du thème du paysage naturel et construit, apparu en 2009. N'en reste plus que les grandes lignes, souples ou heurtées, de teintes subtiles et des lumières qui invitent à voyager dans les profondeurs d'un inextricable réseau végétal. Et l'oeuil accompagne l'artiste dans son plaisir de peindre, dans cette jubilation qui est sa marque.

Jean-Pierre Girod



Jean-René Mœschler tire sa ligne entre quiétude et tumulte



Exposées à Lausanne, les dernières toiles du Jurassien disent un lien très fort à la nature, à la vie et surtout à la peinture.


Par Florence Millioud-Henriques (24 heures)


La ligne règne, stylisée, synthèse d'un flux émotif, et comme si le vain antagonisme divaguait enfin, la couleur nouée dans une dominante et ses nuances triomphe elle aussi, sensuelle et irradiante. Mais le travail de Jean-René Moeschler accroché à L'Impasse du Phœnix - galerie lausannoise prévue pour durer trois mois qui en fête quatorze - assume encore un troisième temps fort. Sériel. Les toiles palpitent. Elles vivent à l'écoute presque stéthoscopique d'une nature foisonnante, de ses sérénités communicatives comme de ses batailles intimes. Le sensible, l'insaisissable, les impressions affleurent; l'œuvre joue dans le registre de la transgression et mériterait une vraie mise en lumière plutôt que de sauvages coups de projecteur. Soulagement! Unis dans la puissance d'une variation infinie sur un même thème, les grands formats du Jurassien peuvent se passer de toute logique directive: ils ont, pour eux, l'eurythmie d'un univers où seule la loi de l'artiste importe.


Le fil se déroule, à la fois singulier et référencé. Moeschler le tend entre les signes prophétiques de Paul Klee, les épures découpées de Matisse et les démonstrations débordant de la toile de l'abstraction lyrique américaine. Mais c'est le visible qu'il délivre de ses grésillements. C'est une éloquence de l'essentiel qu'il impose. L'œuvre semble à fleur de toile, les apparences sont trompeuses, c'est à travers les transparences ou vers les profondeurs que l'artiste attire. Énergisant. Atmosphérique. Les feuillages abondent, la végétation s'épanouit mais la réalité figurée n'est plus! Le sexagénaire, prof de sciences et de dessin dans une courte première vie, l'a délaissée depuis plusieurs décennies pour abandonner son pinceau aux pouvoirs d'une évocation organique, rythmique et follement éprise des contraires. Les quiétudes, les tumultes. Les linéaments, l'évanescence. Et pourquoi pas la raison d'être et la liberté de la déraison? L'artiste ne va pas au choc, jamais, il ne se laisse pas asservir par les facilités pour entrer - et rendre - une dynamique de la concordance et de la stratification des connaissances. «Une chose appelle son contraire, c'est logique et c'est pareil pour les couleurs mais, glisse-t-il, je cherche un double regard plus qu'une opposition, un peu comme un yin et yang. Si ça réussit, tant mieux mais l'un et l'autre peuvent aussi s'annuler et alors là... la toile disparaît.»


À l'Impasse du Phœnix, l'accrochage renvoie rapidement ce regard au temps de ses complexités, plus tard, les jeux chromatiques de ses «carrés» semblent le détourner de son sillon naturel, au final, l'œuvre évoque la durée autant qu'elle lui appartient. Ce temps, complice et inspirant. Un temps long! Le seul qui assure le lien avec la nature et rassure, le temps du regard pour les vibrations d'une œuvre, le temps d'un peintre pour la peinture.


 


http://www.canalalpha.ch/actu/jean-rene-moeschler-un-vrai-passionne-du-pinceau/


 


Les méditations végétales de Jean-René Moeschler, (Le Quotidien jurassien du 20 juin 2020)



Le Musée jurassien des Arts et la Galerie du Passage s'associent pour la première fois et donnent à voir un travail thématique qui tient le peintre Jean-René Moeschler depuis plus de vingt ans.


Plongée dans une exubérance végétale patiemment explorée


Né à Tavannes en 1951, Jean-René Moeschler se consacre exclusivement à la pratique des arts visuels depuis trente ans, après en avoir également assuré l'enseignement dès les années 1970.


Peintre avant tout, il accroche près de cinquante toiles aux cimaises du Musée jurassien des Arts. L'artiste, installé à Malleray, s'adonne également aux arts graphiques, notamment à la gravure. Il présente une ving- taine d'œuvres sur papier à la Galerie du Passage.
Un seul et même thème occupe l'essentiel de ces réalisations: la végétation, dense mais muette. «Où sont les oiseaux?» scandent plusieurs titres. Inquiétude contemporaine devant cette profusion de verdure devenue silencieuse, alors que d'ordinaire elle est faite pour accueillir une vie bruissante et pépiante. Quel sens peut encore avoir cette exubérance, si elle n'est qu'un nid vide? Réflexion peut-être plus personnelle aussi, sur le parcours d'une vie. Il y a quelque chose de l'ordre de l'effacement dans les dernières œuvres, immenses. Quelque chose qui, imperceptiblement, tire sa révérence de l'agitation, de la fébrilité humaine. Plus d'évocation architecturale, même vague. Un zoom sur un coin de verdure en fresque fraîche, mais qui s'estompe, irré- médiablement. Humilité de mortel. Le flamboiement des hautes tiges a laissé place à la danse d'une flore plus modeste, croissant entre les troncs. Le peintre est sorti de l'atelier, à la rencontre de la forêt qui ancre son quotidien, sensible à la vie sauvage et discrète qui s'y éveille, dans la lumière à peine levée des brumes matinales.


Des pouvoirs de la couleur


Première voix qui se dresse dans la blancheur de la toile: le tracé. Puis monte la réponse volubile de la couleur. De tout temps dans la palette, une place de choix pour les pastels. Plus que jamais, leur douceur sied au déploiement des lignes qui s'affinent. Lorsqu'il pratiquait les pliages de toile, le peintre inscrivait dans des arabesques et lignes architecturales sa recherche du continu et du discontinu. Il en a trouvé le langage originel dans les sinuosités imbriquées des végétaux. Parfois, émergeant comme un souvenir, le contour des feuillages se dessine par grattage des couches superficielles, plutôt claires. D'autres strates paraissent alors, frémissantes. Ce n'est pas la composition qui exprime la profondeur, ce sont les superpositions de la matière picturale qui la font véritablement naître. On conçoit l'intérêt du peintre pour la gravure et ses jeux de transparence. Bien tranchés dans celle sur bois, plus subtils avec l'aquatinte.


Longtemps attachées aux formes dé- finies par la ligne, les couleurs s'en libèrent et trouvent ici leur vibration naturelle. Les effets de frottage, notamment dus à l'usage de pigments (la préférence de l'artiste va généralement plutôt à l'huile), laissent présager d'antiques substrats. On croit deviner la trace de quelque architecture ancienne du tableau, ensevelie dans la jungle, tels ces temples précolombiens brièvement en- traperçus par l'explorateur, aveuglé jusqu'à l'hypnose par la profusion végétale. Hallucination? D'une certaine façon, la contemplation de l'œuvre fait qu'elle possède peu à peu son specta- teur, l'engloutit et dépouille ses pen- sées de leur substance. Celles-ci se perdent dans le charme des méandres graphiques. Brouillage intensifié lorsque le peintre joue à vider les formes de leur couleur. Elle se répand alors sur la surface entière, envahissante comme la luxuriante Nature qu'elle chante.


La peinture comme mantra


Chaque œuvre, portant une coloration de sentiments distincte, semble en effet partie d'un même chant. Un être unique qui serait saisi dans l'éventail de ses émotions. Le rythme des lignes, la modulation des couleurs, superposées comme autant de timbres, créent un envoûtement similaire à l'aventure du peintre lui-même. Un mantra décliné dans différentes tonalités, selon les mo- ments du jour, de la vie. L'œuvre de l'artiste paraphrase celle de la Nature. Si l'assertion paraît plus vraie que jamais, à lui qui est humain, la maîtrise finit par échapper. Le mantra ouvre et donne accès à une autre réalité. D'où ce constat, l'évidence du geste véritable- ment créateur: «Les meilleurs moments sont ceux où la peinture se fait en dehors de moi». Encore faut-il savoir inscrire l'impalpable dans la matière et c'est là l'essence du peintre.


SARAH STÉKOFFER RIEBEN


 


Jean-René Moeschler : les chemins du sensible


Jean-Paul Gavard-Perret


http://delarthelvetiquecontemporain.blog.24heures.ch/archive/2020/03/14/jean-rene-moeschler-les-chemins-du-sensible-868794.html


 


Jean-René Moeschler, "Peinture", Musée Jurassien des Arts de Moutier, du 15 mars au 23 août 2020.


Jean-René Moeschler crée des labyrinthes picturaux en jouant de l'aérien et du solide, du fluide et du rigide. Le mouvement règne dans un univers stylisé. Il canalise le flux des émotions sans se fixer par avance d'objectif. Pour autant ne compte pas que le chemin mais le résultat.


 Les toiles palpitent, bougent, vivent entre le sensible, l'insaisissable. Les impressions affleurent dans de multiples variations sur un même thème qui donnent toute leur force dans les grands formats de l'artiste jurassien.


 L'oeuvre rappellent autant des signes à la Klee, des découpes à la Matisse mais elle lorgne tout autant vers l'abstraction lyrique américaine. Le visible possède soudain une éloquence là où les apparences trompent. Existent énergie et force atmosphérique au sein de végétations étranges. L' organique se rythme entre linéaments et évanescences. Moeschler ne cesse d'interroger le langage de la peinture, il avance sur des chemins ignorés de lui-même pour atteindre et faire jaillir de l'inconnu.